Des revalorisations multiples
Ne dites plus déchets, dites revalorisation ! Cette injonction répond à un objectif clair et précis de l’économie circulaire : la réutilisation des produits et la fin de l’utilisation unique. La pierre est le matériau durable par excellence : il peut être réutilisé ou recyclé, transformé ou modifié, mais jamais éliminé ou détruit. Dans le contexte carrier, la revalorisation des produits eux-mêmes est évidente. Les centres de recyclage, dont la source principale de matière est issue de la déconstruction, travaillent chaque jour à rentabiliser l’utilisation de ces produits. Les sites également sont revalorisés : en fin d’exploitation, à l’image des services écosystémiques rendus pendant leurs exploitations, les carrières peuvent continuer à servir les intérêts de la société.
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« Aujourd’hui, en Belgique, des centres fixes recyclent plus de 22 millions de tonnes de matériaux de déconstruction par an. Et ces matériaux recyclés retrouvent des applications bien précises dans le secteur de la construction. Par exemple, les couches d’assise des chaussées sont, actuellement, construites avec des matériaux recyclés alors que, durant des décennies, ces mêmes couches d’assise ont été considérées par les carriers comme des exutoires pour les matériaux moins « nobles » comme par exemple les sables. Aujourd’hui, les matériaux recyclés ayant, à juste titre, récupéré une partie de nos débouchés, les carriers ont dû s’adapter, faire preuve d’imagination et ont réussi à développer de nouvelles applications pour ces matériaux moins nobles qui permettent d’équilibrer la production et la vente. C’est essentiel au niveau de la rentabilité de notre secteur et cela nous permet de cohabiter de manière harmonieuse avec le secteur du recyclé aujourd’hui. »
Fabrice Delaunoy, Président de Fediex et Directeur Granulat chez CCB.
« La Belgique consomme 25% de granulats recyclés. C’est un chiffre intéressant et très encourageant lorsqu’on constate qu’au niveau du secteur de la construction, le volume de déchets de ce secteur est quasiment de 1/3 des déchets produits au sein de l’union européenne. Il y a donc un potentiel énorme à valoriser ! »
Gaëlle Warnant, Chargée de mission Economie circulaire à l’IEW.
Attention toutefois à utiliser les ressources recyclées avec intelligence et non de manière systématique : granulats naturel et recyclé sont complémentaires, l’un ou l’autre étant à privilégier, selon les applications visées.
La revalorisation des sites répond également à des exigences : pas question de faire des carrières ayant été exploitées des décharges, ou comme on le dit aujourd’hui, des centres d’enfouissement techniques. Les exigences croissantes en matière d’environnement permettent d’œuvrer, aujourd’hui, à la recherche et à la création de filières de valorisation de qualité pour les déchets, afin notamment qu’ils retrouvent un usage utile. Parallèlement à cela, les projets de réaménagement de carrières sont strictement encadrés par les autorisations délivrées pour l’exploitation de celles-là.
A la fin de l’extraction, il est possible d’imaginer de nombreuses façons de ne pas laisser le site à l’abandon : retour à l’agriculture, création de forêts et développement de la biodiversité, location des points d’eaux à des clubs de plongées (attention : il s’agit de sites dangereux et à ne pas exploiter sans encadrement), création de balades natures, ... Les possibilités sont presque infinies !
« Il est important, dans une activité anthropique qui modifie les écosystèmes, de pouvoir faire la balance entre impact négatif et impact positif qu’il peut y avoir à travers la gestion des écosystèmes. Cela pourrait même se faire de façon monétaire en estimant ce que valent les services rendus par les écosystèmes et en injectant, finalement, ces valeurs dans un modèle économique se rapportant à une activité précise. »
Grégory Mahy, Professeur académique à Gembloux Agro-Bio Tech (GxABT – Ulg).